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Paroles de PROS Réemploi
Vous êtes Responsable Immobilier au sein de la Direction Interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse Grand Centre (DIPJJ) du Ministère de la Justice. Depuis quelque temps, vous intégrez systématiquement le réemploi dans vos projets, quelle est votre démarche ?
Le budget de travaux annuel de la DIPJJ en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire est de 5.5 M€, l’impact environnemental de notre activité est donc important. Depuis 2024, le réemploi fait partie de la stratégie d’achat de la DIRPJJ Grand-Centre sur tous ses projets immobiliers. Nous avons rendu systématique la réalisation d’un diagnostic ressources, quel que soit la taille du projet, et nous imposons l’intégration de matériaux de réemploi in situ ou ex situ.
Quelles sont vos motivations pour cette démarche ?
Il s’agit d’abord une motivation personnelle, je fais du réemploi et du recyclage depuis le collège. Petit, j’ai appris à ne pas gaspiller et à « garder pour plus tard, on ne sait jamais ». C’est une démarche qui fait appel au bon sens. Ensuite, le circulaire interministériel du 21 novembre 2023 relative à l’engagement pour la transformation écologique de l’État impose aux acteurs de l’état de réduire les émissions carbone et les quantités de déchets des projets immobiliers en ayant recours au réemploi. Ce document donne une légitimité à la démarche, que je voulais de toute façon mener.
Quel a été l’élément déclencheur pour vous, pour vous lancer de façon opérationnelle ?
Dans le cadre de la réhabilitation d’un hébergement à Châtillon-sur-Seine, nous étions contraints de maintenir le service public en accueillant des jeunes pendant 1 an, alors que l’état initial du bâtiment ne le permettait pas. C’est pour cela que nous avons dû installer des portes neuves sur toutes les chambres, pour après les démolir 1 an plus tard. C’était une aberration, qui nous a conduit à engager notre premier diagnostic ressources.
Vous parlez de diagnostic ressources et non de diagnostic PEMD ?
Oui, la majorité de nos projet sont de petite taille, inférieure à 1000 m², mais surtout le diagnostic PEMD ne va pas assez loin en matière de réemployabilité des matériaux. Le réemploi est vraiment possible pour toute taille de projet, y compris les petites surfaces ! Nous faisons réaliser ce diagnostic le plus tôt possible de façon à pouvoir l’insérer dans nos marchés de travaux.
Pour quelle raison vous faites appel aux structures d’insertion pour la dépose sélective ?
J’ai l’impression que cette activité est vraiment fléchée pour les structures de l’Economie Sociale et solidaire (ESS) : elle est gourmande en main d’œuvre et ne requiert pas toujours une qualification spécifique. Notre objectif est aussi de favoriser l’emploi local, ce qui est cohérent avec l’activité de la DIRPJJ, qui est la réinsertion de jeunes délinquants. Dans le cadre de marché réservés, nous avons l’opportunité de privilégier le mieux disant au lieu du moins disant. S’agissant d’argent public, je considère le recours à ces structures comme un investissement dans l’avenir des territoires. Nous travaillons avec les facilitateurs de clauses sociales pour faire le sourcing de structures adaptées pour chaque projet.
Qu’est-ce qui vous permettrait d’aller plus loin dans votre démarche ?
Il faudrait beaucoup plus d’architectes sensibilisés ! Parmi les jeunes c’est un automatisme, mais je rencontre quelques réfractaires qui ne facilitent pas la tâche. Ce sont souvent mes équipes qui identifient les opportunités d’intégration de réemploi, alors que cela devrait être le rôle de l’architecte. Aussi, il serait pertinent d’avoir une matériauthèque à Dijon, la capitale régionale, soit au niveau des services de l’état soit au niveau de la ville. J’aimerais aussi avoir la possibilité d’échanger sur la créativité et les possibilités de détournement d’usage des matériaux pour développer les débouchées des matériaux déposés.
Pour finir, quel serait votre rêve pour un prochain projet de réemploi ?
Ce serait d’intégrer autant de matériaux de réemploi que de matériaux neufs !
Gilles TRAHARD - Responsable Immobilier au sein de la Direction Interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse Grand Centre (DIPJJ) du Ministère de la Justice
Dernière mise à jour : 18 février 2025