3 minutes pour comprendre la QAI en Bourgogne-Franche-Comté
18 novembre 2022
Qualité de l'air intérieur

Qualité de l'air intérieur
La prise en compte de la QAI dans un projet de construction ou rénovation nécessite d’avoir une vision globale sur le bâtiment, avec avant tout beaucoup de bon sens et de rigueur. Le management de la QAI des bâtiments passe par une réflexion à toutes les phases du projet, dès la phase diagnostic et programmation, et associe l’ensemble des acteurs : maître d’ouvrage, équipe de maîtrise d’œuvre, entreprises, occupants.
L’air que nous respirons à l’intérieur du bâti est sous l’influence de multiples facteurs, à commencer par les pollutions extérieures au bâtiment. D’origine naturelle ou anthropique, les polluants peuvent provenir de l’air extérieur (trafic automobile, industrie, agriculture, végétation…) ou du sol (radon, activités industrielles actuelles ou passées...). Il est essentiel de tenir compte de la localisation du foncier dans son environnement. Près d’une voie routière, d’une usine ou sur un sol contaminé, il faut s’interroger sur les polluants qui peuvent venir dégrader cette QAI et limiter les transferts vers l’air intérieur.
Le bon sens conduit à étudier le choix du site, l’implantation du bâtiment et son orientation sur la parcelle, l’implantation des parkings ou des locaux déchets, la localisation des prises d’air, l’organisation des espaces, vis-à-vis des vents dominants et/ou sources atmosphériques avoisinantes identifiées. Pour lutter contre des concentrations de particules fines dépassant les recommandations sanitaires, il est nécessaire d’installer des systèmes de ventilation et de filtration performants, en tenant compte également des capacités de maintenance futures.
La démarche passe ensuite par le choix de produits de construction peu émissifs sur l’ensemble des produits et pas seulement sur les matériaux visibles, tels que les produits de pose comme les colles. Il faut privilégier les produits de construction disposant de la classe A+ de l’étiquetage obligatoire des produits de construction qui nous renseigne sur les émissions de composés organiques volatils (COV). Et pour s’assurer de la conformité de la classe d’étiquetage affichée sur le produit, il est nécessaire de récupérer auprès du fabricant un rapport d’essai ou une attestation de conformité produite par un laboratoire indépendant.
Les labels apportent bien souvent des exigences complémentaires à celles de l’étiquetage ; par exemple l’EMICODE EC1 Plus® certifie les faibles émissions de COV pour les produits de pose. Il est important de veiller à ce que tous les matériaux bénéficient de la même évaluation sanitaire. Par ailleurs, l’analyse sanitaire peut être élargie à des polluants émergents comme les perturbateurs endocriniens, famille de polluants complexe pour laquelle nous avançons en R&D, participons à des projets avec le soutien de l’ADEME, et accompagnons des maîtres d’ouvrage dans une approche préventive.
Les moisissures représentent aussi un danger pour la santé. La maîtrise de l’humidité est essentielle sur le chantier pour limiter le développement fongique. Protéger les matériaux sensibles aux intempéries et respecter les temps de séchage des supports avant la pose d’un revêtement sont des bonnes pratiques à appliquer sur tous les chantiers. L’emploi d’un déshumidificateur ou d’un ventilateur provisoire de chantier permet l’évacuation de l’humidité en construction. La phase chantier est une phase clé, qu’il faut anticiper du point de vue organisationnel et technique ! Pour contribuer à la sensibilisation des entreprises sur ce sujet de la QAI, Medieco, avec le soutien de l’ADEME, a développé et mis en œuvre un concept innovant et pragmatique directement sur le chantier : les Ateliers AIRBAT.
Le renouvellement de l’air doit tenir compte des besoins des occupants, du fait qu’une partie de la pollution étant générée par les occupants eux-mêmes (respiration, usages tels que l’entretien, etc.) ainsi que du renforcement progressif de l’isolation et de l’étanchéité des bâtiments. Ici encore, le choix du système doit intégrer la capacité de maintenance et d’entretien future. Le renouvellement de l’air est d’autant plus important aujourd’hui que la préoccupation portée à la performance énergétique a conduit à renforcer l’isolation et l’étanchéité des constructions neuves.
Pour surveiller l’atteinte des objectifs QAI, un autre levier d’action concerne la vérification des systèmes de ventilation et les campagnes de mesures QAI à réception, avec des protocoles adaptés aux différents ouvrages et à leurs caractéristiques constructives. L’analyse et l’interprétation des résultats bénéficient tout particulièrement de la connaissance approfondie des différentes sources d’émission dont les matériaux. Il est également possible de mesurer en continu la QAI pour accompagner par exemple les occupants vers de meilleures pratiques. Il y a enfin la clé de la sensibilisation des occupants, essentielle pour parvenir à une appropriation du sujet par tous.
Cet interview est extraite de la Revue Pol'en dédiée à la Qualité de l'Air Intérieur de décembre 2024.
Dernière mise à jour : 18 avril 2025